Je viens de là…

Je viens de là où des demeures de bourgeois côtoyaient des maisons délabrées d´agriculteurs et de là où les chèvres se promenaient tous les après-midi pour se diriger vers leur chevrière en léchant la chaux des façades.

Je viens de là où, au début des matins d´été, on sentait l´air frais et l´odeur des lauriers et les soirs les gamins jouaient jusqu´à très tard tandis que leurs parents passaient leur soirée à parler avec leurs voisins, assis à leurs portes.

Je viens de là où les enfants allaient chercher de l´eau à la fontaine “ Los veinticinco caños” et ils revenaient presque toujours trempés chez eux après avoir joué à touche- touche (pilla-pilla) avec la bouche pleine de gorgées d´eau.

Je viens de là où les soirs d´hiver on sentait la fumée des cheminées et on entendait le son de la pluie qui sortait des gouttières et frappait contre les vitres des fenêtres et contre la rue mal pavée.

Je viens de là où les gamins, sitôt qu´ils rentraient de l´école, prenaient leur goûter: du pain avec de l´huile d´olive et du chocolat (il n´y en avait pas toujours à la maison) et ils allaient jouer dans la rue avec leurs potes.

On ne pensait qu´à jouer et on oubliait même le dîner; c´est pour ça que tous les gosses étaient malingres mais résistants et toujours très amis, comme de la famille et on ne se disputait que pour des vétilles liées au jeu.

D´autrefois on allait faire des randonnées à la campagne ou à la rivière,  le fleuve Genil qui a creusé au cours des siècles une étroite vallée entre le Mont Hacho et Periquetes. On ramassait des mûres, des figues ou on attrapait des grenouilles.

Je viens de là où les mômes n´avaient qu´une paire de souliers par an et notre mère nous les ciraient soigneusement les dimanches avant la messe.

Je viens de là où mon enfance s´est écoulée et a forgé mon caractère et ma personnalité. Je viens de Loja.

 

Concepción María Cerrillo López

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